Tribune de M. Plácido Plaza, Secretaire Général du CIHEAM
" Plus que jamais la coopération agricole, le développement rural et l'investissement dans le capital humain sont une priorité en Méditerranée "
Aux crises sanitaire et financière provoquées par le nouveau coronavirus (COVID-19) s'ajoutent les risques de crises alimentaires, sociales et économiques de nature à aggraver la situation dans les territoires les plus fragiles du monde qui doivent déjà composer avec les chocs climatiques, la diminution des ressources naturelles et la pauvreté.
L'espace méditerranéen, interface des continents africain, asiatique et européen est l'un des épicentres de cette pandémie de COVID-19. Il subit des pertes humaines importantes et les répercussions socio-économiques y seront vraisemblablement colossales.
Une situation aggravante pour les groupes les plus vulnérables
Des millions de foyers seront impactés, en particulier ceux qui vivent des activités informelles omniprésentes en ville mais aussi dans les agglomérations rurales.
Les groupes les plus vulnérables, petits agriculteurs, éleveurs et pêcheurs pourraient se voir réduire l'accès à leurs terres, à leur bétail ou à leurs outils de pêche, avec des conséquences importantes sur la demande et l'offre des produits alimentaires.
Ils rencontreront également des difficultés pour accéder aux marchés pour vendre leurs produits ou acheter des semences ou d'autres biens de base.
Avec un déficit à l'accès à des biens et services essentiels tels les équipements hospitaliers, l'eau -essentielle à la désinfection- ou encore internet pour se tenir informés de l'évolution de la pandémie et des moyens de s'en protéger, la situation des zones rurales et agricoles peut considérablement s'aggraver car elles souffrent déjà d'un enclavement certain, des chocs climatiques, de la diminution des ressources naturelles et de la pauvreté.
"L'heure est à la révision des modèles de développement et au renforcement de la coopération"
Le CIHEAM, acteur méditerranéen de la formation, de la recherche, de la coopération agricole, du développement rural et du dialogue régional dans ces domaines depuis 1962, sait à quel point l'avenir de la région se jouera sur la capacité des pays à renforcer leur coopération sur des domaines prioritaires, aujourd'hui révélés par la pandémie.
Ces domaines prioritaires et la lutte contre les pandémies sont intimement liés :
- Assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle pour tous,
- Investir dans le capital humain (dont la formation et le renforcement de capacités) pour des sociétés plus résilientes
- Renforcer le dialogue méditerranéen
En effet, la sortie de la crise du COVID-19 et du confinement ne signifiera nullement la fin des autres crises. L'heure sera à la révision des modèles de développement et au renforcement de la coopération, en faveur d'une Méditerranée basée sur des systèmes alimentaires résilients et solidaires.