16 février 2023, Santarem, Portugal
A l’occasion du XIVème Congrès National du Maïs qui se tenait à Santarem (Portugal) du 15 au 16 février 2023 portant sur le rôle de l’agriculture dans la géopolitique mondiale au regard des enjeux énergiques et de l’eau, le Secrétaire Général du CIHEAM, M. Plácido Plaza est intervenu sur la thématique de l’irrigation dans l’agriculture méditerranéenne. Un sujet complexe à l’intersection de considérations climatiques, environnementales, socio-économiques et de gouvernance qui nécessite une approche concertée et multi parties prenantes.
Invité à introduire la session dédiée à l’importance de l’irrigation dans l’agriculture méditerranéenne, le Secrétaire Général, après avoir présenté le CIHEAM et rappelé son rôle de plateforme régionale pour la coopération, la recherche et le dialogue politique, a insisté sur l’ambition du Centre de promouvoir et de pérenniser la collaboration multi-acteurs au niveau national et régional pour une sécurité alimentaire et hydrique méditerranéenne partagée.
A travers une présentation du panorama régional, il a abordé la question de la disponibilité et de la répartition de la ressource en eau, les effets des évolutions socio-démographiques et du changement climatique ainsi que les risques de tensions et conflits pouvant résulter d’une pression accrue sur cette ressource précieuse.
Il a notamment rappelé que la région méditerranéenne regroupe à elle seule 60 % de la population mondiale dite « pauvre en eau » (moins de 1000 m3/hab/an) et que dans plusieurs pays, on observe une surexploitation chronique des nappes au-dessus de leur capacité de recharge annuelle.
Mettant le curseur sur le nexus eau-alimentation, sa présentation a également permis de mettre en perspective la fonction stratégique de l’irrigation dans la mesure où elle contribue à élargir la surface agricole utile- source de souveraineté alimentaire- et à conditionner les implantations humaines d’où sa dimension potentiellement conflictuelle lorsque les bassins hydrographiques sont partagés et les ressources naturelles limitées.
Pour une nécessaire révolution hydrique en Méditerranée
Loin de dresser un tableau pessimiste, l’intervention s’est plus longuement concentrée sur la diversité des leviers mobilisables pour réduire les incertitudes et les risques, en présentant un panier de solutions dans les domaines de la gestion durable de l’eau agricole (sélection variétale, agriculture de conservation, diversification, innovations dans les techniques d’irrigations, ressources alternatives en eaU) tout en prônant une approche qui n’oppose pas les acteurs et les idées.
« Nous devons apprendre à travailler ensemble (usagers, public-privé, collectivités, Etats...) pour agir sur la demande, réduire les pertes et les mauvaises utilisations afin d’améliorer autant que possible l’efficience de l’utilisation de la ressource. Cela peut conduire à des marges de progrès considérables » a-t-il, à ce titre, précisé.
Comme la question de l’eau ne peut être dissociée de celles des sols et de la transition vers des systèmes agro-alimentaires plus durables et responsables, il a rappelé la nécessité de considérer les progrès de l’irrigation au prisme des enjeux de résilience, d’amélioration des conditions de vie des communautés agricoles, d’amélioration du cycle de l’eau et de préservation de la biodiversité notamment en s’appuyant sur des politiques volontaristes nationales et/ou régionales.
Pour conclure, il a défendu l’urgence de raisonner nos interrelations « amont-aval », « villes-campagnes » « pays riches-pauvres en eau » en termes de solutions et de finalement considérer la rareté de l’eau comme une occasion unique pour explorer le potentiel d’une souveraineté alimentaire solidaire et complémentaire en Méditerranée.